BHV et les musulmans en Belgique.

Date de publication : 02-05-2010  
Les musulmans de Belgique et d’Europe, en général, sont de plus en plus inquiets pour leur sort face à la montée en puissance de l’islamophobie, ces dernières années et particulièrement ces derniers mois. La comparaison de l’oppression grandissante des musulmans aujourd’hui avec la situation des juifs en Allemagne et en Autriche à la veille de la seconde guerre s’impose de jour en jour.

La fermeture de la quasi-totalité des établissements scolaires face aux musulmanes portant le foulard, l’interdiction de la bourqa et les mesures de rétorsion qui s’en suivent (amendes, emprisonnement, …), les traitements discriminatoires subis par les musulmans dans leur vie quotidienne (l’emploi, les études, le logement, …) et la diabolisation tous azimut de l’Islam et des musulmans sont autant d’indices qui ne pourraient inciter à l’optimisme.




L’interdiction du voile intégral au Parlement Belge, jeudi 29 avril 2010..


Si nos mises en garde d’il y a dix, quinze et vingt ans, basées exclusivement sur l’étude de certains symptômes sociaux et ayant amené à la création en 1991 du Conseil Supérieur des Musulmans de Belgique, étaient considérées par nombre de nos frères comme étant un excès de pessimisme non fondé, la réalité d’aujourd’hui ne laisse plus de doute à personne, c’est la chasse à l’homme (musulman) qui est désormais déclarée. Je me rappelle, d’ailleurs, l’une des dernières mises en garde, au milieu des années deux mille, évoquant les différents avertissements précédents qui s’étaient réalisés comme on les avait prévus, l’un des responsables de la Communauté dire en ironisant : « il reçoit la révélation ».

Si nous arrivons, aujourd’hui, à la situation que nous connaissons, ceci n’est que la conséquence logique de l’accumulation au fil des décennies de l’indifférence des musulmans et de leur égoïsme ravageur qui les empêchait de réfléchir sur leur avenir à long et à moyen terme et qui leur faisait croire que tout investissement en faveur des intérêts communautaires est une perte de temps et que toute aide financière en ce sens est du gaspillage. Ainsi, nous avertit le Coran :
"وما أصابكم من مصيبة فبما كسبت أيديكم، و يعفو عن كثير"

"وما أصابكم من مصيبة فبما كسبت أيديكم، و يعفو عن كثير"

Tout malheur qui vous atteint est dĂ» Ă  ce que vos mains ont acquis. Et Il pardonne beaucoup.


De plus en plus de voix, essentiellement féminines, s’élèvent pour demander à notre institution ce qu’elle compte entreprendre pour contrer ce ras de marée d’islamophobie. Nous les comprenons et nous réalisons l’ampleur du combat qu’elles mènent au quotidien. Comme évoqué précédemment, le Conseil n’a pas attendu l’arrivée du torrent pour réagir et pour tenter de mettre les personnes à l’abri. Il a été prévoyant, mais la communauté ne l’avait pas suivi. Et sans vous, le Conseil n’est rien. C’est avec votre confiance à son égard et avec votre financement qu’il peut réaliser les projets communautaires.
Depuis sa création, en 1991, il avait appelé à l’union autour de projets communautaires concrets parmi lesquels la création d’écoles. Appel rejeté, surtout après la création de l’Exécutif des Musulmans en 1998, un organe complètement contrôlé par les autorités et l’euphorie aveuglante qui avait accompagné sa naissance.

La « Coordination entre les Mosquées », devenue par la suite « Unions des Mosquées » avait été l’une de ses premières actions pour s’acheminer vers l’union à laquelle aspire tout musulman ; de nouveau sans succès.

Conscients des multiples problèmes que rencontrent nos enfants durant leurs études, parmi lesquels le problème du foulard, l’ASBL « Médiation Scolaire Musulmane » a vu le jour en 2002. Elle intervenait auprès des différentes administrations, surtout scolaires, afin d’aplanir les différents entre les élèves, leurs parents et les écoles. Après 3 années d’activités au forceps, l’association a été condamnée à mettre la clé sous le paillasson.

Sachant l’importance de la politique dans notre vie et son influence directe sur notre quotidien, le « Mouvement Pour l’Education » a vu le jour en 2004. Il s’est présenté aux législatives de 2007, avec 7 candidats dans l’arrondissement de Liège. Il avait recueilli 1362 voix. Où étaient allées les autres voix des musulmans ? Selon le responsable de l’une des mosquées qui avaient refusé à notre parti de passer l’information à leurs fidèles dans l’enceinte de leurs mosquées alors qu’ils l’avaient permis à d’autres, l’Union des Mosquées avait donné son mot d’ordre de voter pour le parti X, tout en sachant que tous les partis traditionnels nommés démocratiques ou Extrême Droite pêchent dans le même étang, les musulmans leur cible favorite. Aujourd’hui, le parti le moins hostile aux musulmans prône l’autorisation du port du foulard pour les élèves, mais non pour les enseignantes et les postes à responsabilité.

Les intérêts musulmans ne peuvent nullement être défendus par les autres partis politiques dont l’hostilité est étalée au grand jour sur la scène publique. Si nous sommes vraiment affectés par le malheur qui nous frappe, c’est à nous de nous retrousser les manches et de prendre les devants. A nous de prendre les engagements auprès de Dieu et de notre conscience et de nous investir dans les voies qui nous mènent à notre félicité et à notre bonheur!

Si la Belgique est en crise de pouvoir, c’est à cause de l’incompétence, de l’indifférence et de l’égoïsme de ses dirigeants. Les affaires, la corruption et l’intolérance à l’égard de celui qui est différent les avaient aveuglés et empêchés de réfléchir aux problèmes du pays et des citoyens. Le problème de BHV n’est qu’un problème d’intolérance entre flamands et francophones. Ce virus avait pourri la vie politique du pays depuis plusieurs années et surtout durant la dernière législature. Quels remèdes a-t-on apporté à cela ? Aucun ! Tous les quatre mois, une perfusion de calmant, appelée « conflit d’intérêts » est inoculée au malade lui permettant de vivre avec le virus sans trop souffrir.





L'arrondissement Ă©lectoral de Bruxelles-Halle-Vilvoorde


Une fois que tous les niveaux de pouvoir tant francophones que germanophones avaient épuisé leurs cartons, c’est autour de la « sonnette d’alarme » que nos politiciens avaient eu recours. Tout ce temps gaspillé, durant lequel aucun débat ni aucune discussion sérieuse entre les différents protagonistes n’avaient été initiés, a été consacré par nos politiciens à souffler plus de haine à l’égard des musulmans et de leurs valeurs. Chaque semaine avait son lot de propagandes, de conférences et de débats sur le foulard, la bourqa et le voile intégral.

Combien sont, aujourd’hui, les belges qui connaissent en quoi consiste le problème BHV qui envenime tant leur existence ? De l’autre part, y a-t-il, maintenant, un belge qui ne voit le danger venir du foulard porté par la jeune musulmane ? C’est ainsi, qu’ils ont ramené le pays au bord du précipice. Le gouvernement est tombé. L’appel à de nouvelles élections prématurées a été lancé. Cependant, ceci n’aura pas empêché le Parlement de voter l’interdiction du voile intégral sur tout l’espace public, avec des sanctions d’emprisonnement et d’amendes à l’appui. Et la contagion qui diffuse à travers l’Europe. Certains députés allemands appellent leur parlement à interdire la bourqa sur l’espace public, à l’exemple de la Belgique. Triste modèle à transmettre aux autres !

Vous vous interrogez sans doute, que faire pour arrêter cette folie meurtrière à l’encontre de notre communauté ? Il me paraît que nous disposons d’une occasion propice pour redonner un peu de crédit à notre communauté, les élections. A nous de faire preuve de sens de responsabilité, à l’égard de nos intérêts. Que notre sincérité soit mise à l’épreuve, à cette occasion !

Sommes-nous disposés à lutter pour notre existence, pour nos droits et pour l’avenir de nos enfants ? Ou bien ne sont-elles que des larmes de crocodile qui sont déversées lors des différentes agressions dont nous avons pris l’habitude de devenir la cible ? Avons-nous, encore, le droit de gaspiller nos voix, ne serait-ce qu’une seule, en les offrant gratuitement à ceux qui appellent haut et fort à l’humiliation de notre communauté, ou qui ne se trouvent nullement gênés par de tels appels ou qui n’appellent pas au respect de la justice et de la Constitution ? Notre religion est formelle à ce sujet. Toute voix octroyée à de tels partis est une complicité et une traitrise pour laquelle le responsable devra rendre des comptes au jour du jugement.
De même qu’Allah (Ta’aalaa) nous affirme, dans le verset suivant,

"ماكان للمشركين أن يعمروا مساجد الله شاهدين على أنفسهم بالكفر"

"Il n'appartient pas aux associateurs de peupler les mosquées de Dieu, vu qu'ils témoignent contre eux-mêmes de leur mécréance."

qu’il n’est pas demandé aux associateurs de peupler les mosquées, il est insensé de nous attendre de ceux qui mènent une croisade contre nos valeurs, d’œuvrer pour la défense de nos intérêts.
A nous, donc, revient la décision de faire changer le courant des choses ! Tous au travail et arrêtons de nous lamenter inutilement et de chercher à faire pitié ! Ce n’est pas avec les pleurs et les larmes que notre communauté pourrait grandir et affronter les défis qui lui sont posés, mais plutôt par la mobilisation coordonnée et sincère. Sans perdre de temps ni gaspiller les énergies, rassemblons-nous autour de notre mouvement politique « le Mouvement Pour l’Education » et œuvrons ensemble pour dire non à la classe politique qui sème la zizanie entre les différentes communautés du pays.

La crise gouvernementale actuelle tombe au moment adéquat. C’est une bénédiction pour nous, si nous arrivons à en tirer profit. Ni les manifestations de rue, ni les pétitions, ni les dépositions auprès des tribunaux ne pourraient rendre le service des urnes. C’est à travers ces dernières que notre communauté pourrait rappeler la classe politique de même que les media à l’ordre et à son respect.

Les élections sont prévues, selon toute vraisemblance pour le dimanche 13 juin 2010, c’est-à-dire dans moins d’un mois et demi. Le délai est très court et permet, entre autres, d’éliminer les petites formations de la course. Néanmoins, avec une mobilisation générale, le défi peut être relevé sans problème. Bien entendu, l’engagement de chacun et de chacune parmi nous est indispensable.

Différentes tâches sont à accomplir dont chacune nécessite une armada de personnes:



  1. Recueillir les signatures de parrainage (500 pour déposer une liste de candidats à un arrondissement électoral pour la Chambre et 5000 pour le Sénat ou celles de 3 mandataires sortants) ;

  2. Ramener les signatures aux différentes communes pour authentification ;

  3. Faire la publicité par la distribution de tracts et de prospectus ;

  4. Financer la campagne électorale avec des dons, ne dépassant pas 500 € / donneur ;

  5. Confectionner les affiches des candidats(es) ;

  6. Coller les affiches ; plusieurs passages par jour sont nécessaires ;

  7. Rechercher des candidat(e), avec le respect de la parité entre les 2 sexes.



Pour les raisons ci-dessus, nous vous appelons à apporter votre contribution personnelle, en vous inscrivant à l’une des tâches qui vous est appropriée. Sans votre soutien explicite, aucune action ne pourrait être possible et notre situation ne continuerait que par s’empirer dans ce monde et au jour du jugement nous devrions rendre des comptes lorsque notre Seigneur nous interpellera par ces mots :

" ياأيها الذين آمنوا لم تقولون مالا تفعلون. كبر مقتا أن تقولوا مالا تفعلون"

"Ă” vous qui avez cru ! Pourquoi dites-vous ce que vous ne faites pas ?
C'est une grande abomination auprès de Dieu que de dire ce que vous ne faites pas."

Sans l’engagement concret, toute plainte, toute manifestation de rue ou autre ne seront qu’une sorte de mensonge, l’une des caractéristiques de l’hypocrite qu’Allah nous préserve !
Enfin, dans l'objectif de l'union à laquelle nous aspirons et qui est le gage de réussite dans nos actions, nous lançons un appel à tous ceux qui se présentent aux élections dans des formations politiques ayant les mêmes objectifs que les nôtres de présenter des listes communes, ce qui nous évitera pas mal de gaspillage ainsi que l'éparpillement des voix qui ne serait à l'avantage d'aucune de nos formations. Pour cela n'hésitez pas à nous écrire à l'une de nos adresses: csmb@csmbnet.org ou mpe@mpenet.org.
Auteur : Mohammed Said


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