Après radio Mille Collines, la traque.

Date de publication : 14-04-2010  

    Combien sont encore les écoles qui continuent à ouvrir leurs portes aux filles musulmanes portant le foulard ? La prolifération des écoles ayant choisi l’intolérance et la fermeture a réduit le nombre des écoles encore respectueuses de la légalité pratiquement à néant. Sous l’impulsion des libéraux et des socialistes, le Gouvernement s’empresse de confectionner un décret sur mesure, permettant de couvrir l’illégalité dans laquelle se sont mises les écoles ayant bravé les libertés fondamentales garanties par la Constitution.

    Au lieu de rappeler ces écoles à l’ordre et au respect de la Constitution, en légiférant dans le sens de l’autorisation du foulard, la Ministre de l’Enseignement fait une acrobatie qui à la fin n’aura servi à rien ; interdire le port du foulard jusqu’en troisième ou quatrième secondaire et après laisser au chef d’établissement le pouvoir de décider. Les écoles ont-elles besoin d’une loi pareille qui est déjà d’application? Sans doute que non !

    Cependant, la question à se poser maintenant est : quelle sera l’étape suivante? Aujourd’hui, comme nous le percevons à travers les différents débats et les différentes déclarations, ce n’est pas le foulard qui dérange mais c’est tout l’Islam qui est en ligne de mire. Il est grand temps aux musulmans de ce pays d’unir leurs forces afin de défendre leurs valeurs et d’assurer l’avenir de leurs enfants.

    Le Conseil Supérieur des Musulmans de Belgique, mis en place en 1991 par la Communauté et dont les objectifs sont l’organisation de cette communauté et la réalisation de l’infrastructure nécessaire œuvre avec ses moyens modestes afin de préserver la dignité de nos enfants et construire leur avenir. Il vous demande votre soutien sans lequel aucune action ne serait possible et nous continuerons à sombrer dans l’immobilisme et la précarité.

    En l’absence d’institution forte qui pourrait réagir aux multiples atteintes à nos droits, nos enfants continueront à payer le prix, comme nous pourrons constater à travers le récit suivant :


    Depuis la diffusion du reportage de la RTBF, relatif au foulard le 20 janvier, une nouvelle ère de désarroi et de discrimination s’installe au sein de notre communauté scolaire.

    Mon fils est élève à l’école X depuis déjà quatre ans sans jamais avoir de problème. Soudain, en mars 2010, il est foudroyé par 2 sanctions successives, de gros calibre, tant l’une que l’autre sont injustes et discriminatoires.

    Quant à la première, elle a eu lieu suite à un voyage des classes de quatrième, organisé le 08/03/2010 dans le cadre des cours de langues à Bruges durant lequel les élèves devaient visiter une église. Les élèves étaient divisés en groupes dont l’un, formé de 2 garçons et 3 filles, était philosophiquement homogène, tous musulmans. Durant la visite, le silence de l’église a été rompu par un bruit provoqué par l’un des élèves et tous les élèves ont été mis dehors. Qui était l’auteur du bruit ? Selon les élèves eux-mêmes c’était l’un des élèves du groupe. Cependant, ils sont tous formels sur l’innocence de Abderrahmane et lui-même clame toujours son innocence.

    Néanmoins, le Proviseur ainsi que l’éducateur titulaire des quatrièmes ont décidé de punir tout le groupe par un jour de renvoi de tous les cours (1ère injustice). Ensuite, toutes les filles ont été relaxées sous prétexte qu’ils (le Proviseur et l’éducateur) n’étaient pas sûrs qu’elles aient été avec les autres et seuls les 2 garçons, dont mon fils, ont écopé d’un jour de renvoi de tous les cours (discrimination et sexisme).

    En tentant de comprendre le motif de la punition, le Proviseur (l’actuel Préfet) a tenté de minimiser l’affaire en disant qu’ « il n’y a rien de grave, c’est uniquement un incident mineur de bruit dans une église, durant leur voyage à Bruges, qui avait valu l’expulsion de l’église de tous les élèves et on a puni tout le groupe responsable du bruit ». Punir tout le groupe est une preuve du doute qui règne au sujet de l’auteur du bruit. Dans toutes les affaires de justice, y compris les affaires criminelles les plus graves, le doute a toujours été au bénéfice de l’accusé. Pourquoi cette règle est-elle violée à VERDI ? Pourquoi les témoins ne sont pas pris en compte alors que ni le Proviseur ni l’éducateur n’étaient dans le voyage ? Et par-dessus tout, la sanction (un renvoi), non pas pour une faute grave mais pour un bruit déplacé, n’est-elle pas disproportionnée ?

    Finalement, malgré ma désapprobation tant de la légitimité que de la gravité de la sanction, j’ai fini par la supporter. J’ai alors demandé au Proviseur, vu que mon fils suit actuellement un traitement médical qui l’oblige à être à l’hôpital et donc s’absenter des cours une demi-journée tous les 2 jours, de transformer ce renvoi des cours en retenues, plusieurs fois s’il le faut, en dehors des cours afin qu’il ne rate pas davantage de cours ce qui pourrait compromettre sa réussite à la fin de l’année. Le Proviseur (l’actuel Préfet) approuve la demande et me renvoie chez l’éducateur (l’actuel proviseur) pour les modalités pratiques.

    Informé de l’arrangement, ce dernier refuse sous prétexte que le Proviseur ne lui avait rien dit. Une fois tous réunis, moi et mon fils avions assisté à un jeu de rôles honteux entre le Proviseur et l’éducateur, chacun rejetant la balle dans le camp de l’autre pour enfin se stabiliser sur le maintien du renvoi, avec la remarque de l’éducateur que c’est « le même tarif pour tout le monde », le souci de l’échec scolaire ne faisant pas parti de ses préoccupations. La victime, innocente, a du passer toute la journée du 17 mars à l’étude et donc privé de tous ses cours.

    Quant à la seconde sanction, dont copie ci-dessous, elle a eu lieu suite à la décision d’interdiction du foulard à partir de la rentrée prochaine, prise par l’école lors de la réunion du 29 mars 2010.

    Une fois la décision connue des élèves, une grande nervosité s’était emparée d’eux et les musulmans parmi eux s’étaient sentis directement visés par cette mesure. Mardi 30 mars au soir, mon fils reçoit, sur sa boite email, un message appelant les élèves au boycott des boissons et des repas vendus à l’école les jours du 1 et 2 avril et leur demandant de transmettre le message, une pratique qui est à la mode ces derniers temps chez les jeunes. Mon fils a eu la bêtise de mettre ce message sur sa page facebook. Le lendemain matin, il est convoqué par le nouveau proviseur (en présence du nouveau Préfet) qui, après des réprimandes, de l’intimidation et des menaces d’expulsion définitive de l’école, l’oblige à effacer le message de sa page facebook et lui inflige une sanction de 6 demi-journées de renvoi (du lundi 19 avril à 8 h 20 jusqu’à jeudi 22 avril à 12 h 45), tout en lui faisant remarquer que « de toute façon le foulard sera interdit et qu’une école (supposée islamique) qui accepte le foulard est en train de se créer à Liège et tu pourrais aller là ».

    Ayant constaté l’injustice et la sévérité de la punition alors que l’élève n’était pas l’initiateur de l’action et n’avait fait que ce que d’autres aussi avaient fait, certains élèves avaient demandé à la direction la suppression de la sanction. Après le refus de cette dernière, des élèves avaient exprimé leur solidarité et avaient déclaré ouvertement qu’ils seraient en renvoi avec leur camarade injustement puni.

    Une escalade regrettable et inutile, inconnue jusqu’ici dans notre établissement ! Toute cette antipathie à l’égard des musulmans avait commencé le 20 janvier ! Auparavant et durant les 10 années précédentes, tout allait dans l’harmonie la plus totale, tant au niveau des élèves que du personnel enseignant.

    Il est à noter que mon fils n’a aucun problème de discipline ni pendant ni en dehors des cours, ni d’absences ni d’arrivées tardives, comme en témoignent les copies de son journal de classe, ci-dessous.


    Une seule arrivée tardive durant les 2 premières périodes.


    Tout ceci nous amène à nous interroger sur les véritables motivations ayant conduit cette école, à renoncer à sa tradition de tolérance, d’ouverture et de multi culturalité.

    Punir un élève sur base de soupçons balayés par l’absence de preuves, la non reconnaissance de l’accusé et le démenti des témoins, est contraire tout simplement à la notion de justice. Ne connaître, dans son lexique, que la répression aveugle, le renvoi et l’exclusion ressemble fort aux pratiques sécuritaires des régimes totalitaires qui vivent encore dans une époque révolue. Où est la gradation des sanctions que préconisent les théories pédagogiques ?

    Enfin, les motifs évoqués par le Proviseur, justifiant la lourde sanction de 6 demi-journées de renvoi, sont fallacieux et purement fantaisistes.



    Selon lui :

    1. L’élève a utilisé le logo de l’école de manière abusive.

    2. Il a porté atteinte sur un média influent à la réputation de l’école.

    3. Il a incité publiquement à perturber les activités habituelles de l’école.

    4. Il a mis en péril le coût démocratique des repas servis au restaurant scolaire de l’école.

    5. Il a fait preuve de prosélytisme religieux au sein de l’établissement.

    6. Il n’a pas tenu compte des différents avertissements prodigués par les autorités de l’école.



    Quant à l’utilisation « de manière abusive » du logo de l’école, le seul argument partiellement sérieux, ne pourrait être évoquée dans le cas d’un élève de 15 ans qui ne connaît pas encore les différentes législations relatives aux droits d’auteurs et à l’utilisation des images sur Internet, d’autant plus qu’il n’a pas été l’auteur du message incriminé mais il n’a fait que le transmettre comme tous les jeunes ont l’habitude de faire.

    Tandis que pour le second motif, il ressemble plus aux accusations des différents dictateurs, à l’égard de leur opposition, d’activités subversives portant atteinte à la sécurité ou à l’intégrité de l’Etat. Si atteinte à la réputation de l’école il y a, elle ne pourrait être due que par la nouvelle orientation prise par l’école et qui avait été médiatisée par le reportage de la RTBF du 20 janvier et à partir duquel on n’a commencé à parler que de répression et d’exclusion.

    Le troisième motif n’est qu’une interprétation abusive du précédent et donc rejeté. Aucune incitation publique n’a été faite. L’élève a reçu le message le mardi soir, il a sympathisé avec et l’a transmis à ses amis, une activité tout à fait légale et conforme à la démocratie, en dehors de l’école. Le mercredi matin, à la première heure, il est interpelé par celui qui allait devenir le lendemain le nouveau proviseur. A quel moment avait-il pu appeler publiquement à la perturbation des activités de l’école ?

    La mise en péril du coût démocratique des repas servis à l’école est une pure hallucination car l’action de boycott prévue ne pouvait porter préjudice au budget du restaurant car d’une part elle n’était limitée que pour les 2 jours cités ci-dessus et d’autre part elle ne concernait que les élèves musulmans dont la plupart ne mangent pas au restaurant, vu l’absence de viande halal.

    Quant au prosélytisme religieux présumé, il devient l’ingrédient passe partout, le plus convoité et à mettre dans toutes les sauces lorsqu’il s’agit de priver les musulmans de l’un des droits les plus fondamentaux que leur garantit la Constitution et tous les traités internationaux auxquels avait adhéré notre pays. Je pense que l’époque où Jules Ferry, alors premier ministre de la France, déclarait à l’Assemblée Nationale française en réponse à ceux qui critiquaient la France pour ses exactions dans ses colonies en Afrique : « vous n’imaginez, tout de même, pas que les droits de l’Homme ont été faits pour les nègres d’Afrique », est révolue et aujourd’hui tout citoyen doit bénéficier des mêmes droits et respecter les mêmes obligations. Une musulmane qui porte un foulard, par conviction religieuse, fait du prosélytisme ! Un élève musulman qui exprime sa désapprobation des injustices qui lui sont commises, fait du prosélytisme !

    Où sont les limites du prosélytisme ? Selon le Larousse, « le prosélytisme est le zèle ardent pour recruter des adeptes et pour tenter d'imposer ses idées ». Sommes-nous dans cette situation où les élèves musulmans ou certains parmi eux œuvrent pour propager l’Islam au sein de l’école et convertir les élèves non musulmans à cette religion ? Considère-t-on les élèves musulmans au sein de l’école comme des missionnaires?

    De nos jours, c’est plutôt le phénomène inverse qui se passe, où le dénigrement de l’Islam et des musulmans ne connaît plus de limite et l’islamophobie bat son plein. L’invitation de Karima au sein de l’établissement pour proférer aux élèves ses « fatwas » laïques en est un exemple. Le reportage de la RTBF du 20 janvier en est un autre. La récente décision d’interdiction du foulard, à partir de la prochaine rentrée, à l’école en est un troisième, pour me limiter à ces quelques exemples de l’actualité locale car la liste est encore longue, très longue même.

    Enfin, pour le dernier argument à savoir le prétendu non respect des différents avertissements prodigués par les autorités de l’école, c’est de la pure invention pour la simple raison que mon fils ne s’est jamais retrouvé dans la situation qui nécessite de tels hypothétiques avertissements, et pour preuve son journal de classe où les pages réservées au comportement de l’élève sont encore vierges.








    Quels enseignements donne-t-on aux élèves lorsqu’ils assistent, en direct, à l’injustice, à la discrimination et à la stigmatisation systématique de leurs valeurs et de leurs personnalités ?

Auteur : Mohammed Said
Commentaire N° 1 posté le 22-04-2010 par YASMINE
    Je suis tout à fait d'accord avec vous. Cette islamophobie grandissante nuit aux droits et à la qualité de vie des musulmans Belge et en priorité de nos enfants.
    Nous avons formé en décembre dernier un collectif Féministe Interculturelle et Laic (cfil) pour défendre les droits de toutes femmes, de toutes origines de façon egale.
    Nous sommes un collectif Laic , car formé de personne de conviction différente , mais qui se rejoignent dans leurs idées citoyennes et de droit.
    Que Dieu vous aides et vous récompenses pour vos actions




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