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Le vent de la liberté a soufflé sur la TunisieDate de publication : 15-01-2011 ![]() Le poète tunisien, du début du siècle passé, Aboul-Kacim Echchabbi (que son âme repose en paix) dit:
Si le peuple, un jour, choisit la vie le destin n'aurait plus qu'Ă exaucer sa volontĂ© la nuit n'aurait plus qu'Ă se dissiper et les chaĂ®nes qu'Ă se fracasser Une fois que j’aspire Ă un objectif Je prends l’espoir comme vĂ©hicule et j’oublie toute prĂ©caution Et je n’évite pas les difficultĂ©s des vallĂ©es Ni le danger des flammes qui se consument. Quant Ă celui qui n’aime pas l’ascension des montagnes Passera toute sa vie entre les trous Les sangs des jeunes murmurent dans mon cĹ“ur Et dans ma poitrine rugissent d’autres vents Et j’ai tendu l’oreille, Ă©coutant le grondement des tonnerres Le chant des vents et le bruit de la pluie. Et la terre m’a dit, lorsque j’avais interrogĂ© : Ă” mère ! DĂ©testes-tu les humains ? Je bĂ©nis, parmi les humains, les ambitieux Et ceux qui se plaisent Ă prendre les risques Et je maudis ceux qui n’évoluent pas avec le temps Et ceux qui se satisfont, dans leur vie, de celle de l’âge de pierres L’univers est vivant et aime la vie Et il dĂ©valorise le mort quelle que soit sa grandeur. Ni l’horizon ne prend soin des oiseaux morts Ni les abeilles ne sucent les fleurs mortes. Et si ce n’est l’affection de mon cĹ“ur si tendre Le mort ne saurait ĂŞtre accueilli par ces tombes. Ce sont lĂ des extraits, traduits par nos soins, du poème du jeune poète tunisien rĂ©volutionnaire Aboul-Kacim Echchabbi, qui n’a pas connu la rĂ©volution de janvier 2011 ayant libĂ©rĂ© son pays du joug de la dictature, mais qui, par ses idĂ©es, y avait participĂ© en semant les premières graines de l’amour de la libertĂ© et de la vie dans la dignitĂ©. MalgrĂ© que l’auteur ait vĂ©cu au dĂ©but du vingtième siècle et ait rejoint l’autre monde, très tĂ´t, après ses vingt cinq printemps, les valeurs qu’ils avaient lĂ©guĂ©es Ă son peuple et Ă sa nation, Ă travers ce poème et d’autres, montrent qu’il Ă©tait un grand homme. Le contexte de la colonisation française de son pays et des injustices qui en rĂ©sultaient avaient fait de lui un grand, malgrĂ© son jeĂ»ne âge. Sa longue maladie qui l’avait emportĂ© très tĂ´t ne l’avait nullement empĂŞchĂ© de s’investir dans le combat de l’injustice et le refus de l’humiliation. Beaucoup de nos frères et sĹ“urs se sont accoutumĂ©s Ă l’humiliation et Ă l’injustice et les considèrent, de fait, comme une fatalitĂ©. C’est le destin dirait-on ! Notre poète s’insurge contre cette vision biscornue et dĂ©montre que la vie est pour les vivants et non pour les morts. Lorsqu’un peuple manifeste sa volontĂ© pour la vie, le destin ne peut que suivre et rĂ©pondre Ă son souhait s’il est sincère. Quant Ă la sincĂ©ritĂ©, elle se manifeste dans les faits par le combat pour la justice et le dĂ©ploiement de tous les sacrifices nĂ©cessaires. C’est ce que les tunisiens ont prouvĂ© durant quatre semaines qui, finalement, ont Ă©tĂ© couronnĂ©es de succès et la fuite du dictateur, après ses vaines tentatives de sauver ce qui restait de son navire en perdition. ![]() Ben Ali 2009, le meilleur choix pour la poursuite de l’action Merci Ă vous, Monsieur le PrĂ©sident, d’avoir acceptĂ© de dĂ©poser votre candidature pour les prĂ©sidentielles de 2009 et nous sommes Ă vos cotĂ©s pour la fiertĂ© de la Tunisie et son dĂ©veloppement. Les multiples apparitions du dictateur et les concessions qu'il s'Ă©tait vu contraint de cĂ©der et les larges promesses de crĂ©ation de centaines de milliers d'emplois pour les jeunes, de libertĂ© de la presse et de tous les media, y compris l'Internet et mĂŞme de ne plus se reprĂ©senter pour un autre mandat Ă la prĂ©sidence, n'ont montrĂ© qu'un rĂ©gime Ă l'agonie en train de tirer ses dernières cartes. Le peuple lui avait rĂ©pondu par la fermetĂ©: "Ce n'est que maintenant que tu rĂ©alises ces nĂ©cessitĂ©s, après 23 ans de règne sans partage?" A l'agonie, tout repentir est rejetĂ©. Ainsi, avait rĂ©agi un autre dictateur dans l'histoire. Pharaon, lors de sa noyade, dĂ©clare se soumettre Ă Dieu, comme nous le rapporte le Coran en ces termes: وجاوزنا ببني إسرائيل البحر فأتبعهم فرعون وجنوده بغيا وعدوا، حتى إذا أدركه الغرق قال آمنت أنه لاإله إلا الذي آمنت به بنو إسرائيل، و أنا من المسلمين Et Nous fĂ®mes traverser la mer aux Enfants d'IsraĂ«l. Pharaon et ses armĂ©es les poursuivirent avec acharnement et inimitiĂ©. Puis, quand la noyade l'eut atteint. il dit : "Je crois qu'il n'y a d'autre divinitĂ© que Celui en qui ont cru les enfants d'IsraĂ«l. Et je suis du nombre des soumis". La rĂ©ponse lui vient immĂ©diatement: آلآن، وقد عصيت قبل وكنت من المفسدين؟ فاليوم ننجيك ببدنك لتكون لمن خلفك آية [Dieu dit] : Maintenant ? Alors qu'auparavant tu as dĂ©sobĂ©i et tu as Ă©tĂ© du nombre des corrupteurs ! Nous allons aujourd'hui Ă©pargner ton corps, afin que tu deviennes un signe Ă tes successeurs. Et les successeurs, dans le monde arabo-musulman, sont malheureusement très nombreux. La leçon va t-elle ĂŞtre comprise par les autres rĂ©gimes similaires, et surtout Ă temps? Et les peuples comprendront-ils, finalement, que leur libertĂ© et leur dignitĂ© sont Ă la portĂ©e de leurs mains? Dès qu'ils les revendiqueront, avec insistance, ils les obtiendront. Notre religion condamne la rĂ©signation Ă l’humiliation et Ă la perte de la dignitĂ© humaine. Ainsi, le Coran met en garde les musulmans, en ces termes : إن الذين توفاهم الملائكة ظالمي أنفسهم قالوا : فيم كنتم قالوا كنا مستضعفين في الأرض قالوا : الم تكن أرض الله واسعة فتهاجروا فيها فاولئك مأواهم جهنم وساءت مصيرا Ceux qui ont fait du tort Ă eux mĂŞmes, les Anges enlèveront leurs âmes en disant : "OĂą en Ă©tiez-vous ?" (Ă propos de votre religion) – "Nous Ă©tions impuissants sur terre", dirent-ils. Alors les Anges diront : "La terre de Dieu n'Ă©tait-elle pas assez vaste pour vous permettre d'Ă©migrer ?" VoilĂ bien ceux dont le refuge et l'Enfer. Et quelle mauvaise destination ! Aujourd’hui, le peuple tunisien peut savourer sa victoire tout en continuant la lutte avec une grande vigilance afin que sa victoire ne lui soit pas volĂ©e et dĂ©tournĂ©e Ă d'autres fins. Ce victorieux peuple doit Ă©prouver une grande fiertĂ© d’avoir Ă©tĂ© le prĂ©curseur, dans le monde arabe et musulman, Ă rejeter la dictature qui l’avait avili durant plusieurs dĂ©cennies, avec des moyens pacifiques. Un peuple qui fait tous les sacrifices pour vivre sa dignitĂ© mĂ©rite tous les honneurs. Les dictatures arabes sont parmi les dernières, sur la planète, Ă continuer Ă vivre dans une Ă©poque rĂ©volue; faisant fi Ă l’évolution du temps et au dĂ©veloppement des nouveaux moyens que la technologie met Ă la disposition des peuples. Ceux-lĂ , ne laissent plus aux despotes beaucoup de marge de manĹ“uvre pour museler leurs peuples et les empĂŞcher de profiter des expĂ©riences des autres nations dans la reconquĂŞte de leur libertĂ©. ![]() Grande manifestation Ă Tunis, le vendredi 14 janvier 2011, le jour de la fuite du dictateur. La Tunisie a eu l’honneur de donner le coup d’envoi. Le premier domino est tombĂ© ; les autres vont-ils suivre ? Tous les indices ne font que l'affirmer, mais Ă quelle cadence cela se produira-t-il ? Cela dĂ©pend de la volontĂ© des peuples Ă l’émancipation et nullement du destin. En tout cas, beaucoup de pays se portent candidats Ă la compĂ©tition. Lequel gagnera la place numĂ©ro 2 ? L’avenir nous apportera plus de prĂ©cision. En tout cas, toutes nos fĂ©licitations au peuple tunisien pour sa place de tĂŞte du peloton, au niveau arabe, pour le rejet des rĂ©gimes totalitaires dĂ©suets. N'oublions pas non plus ceux et celles qui ont sacrifiĂ© leurs vies pour que les autres retrouvent leur libertĂ© et leur dignitĂ©! Qu'Allah (Ta'aalaa) accueille leurs âmes au paradis et qu'Il les agrĂ©e parmi les martyrs qui n'auront pas Ă s'inquiĂ©ter de leur sort dans l'au-delĂ ! A ceux qui ont subi des sĂ©vices dont ils continuent de souffrir, qu'Allah leur accorde Sa misĂ©ricorde en allĂ©geant leur souffrance, en leur octroyant la guĂ©rison de tous leurs maux et en leur accordant la rĂ©compense qui mĂ©rite avec leurs sacrifices. Sachons, enfin, que tous ces Ă©vĂ©nements font parti des Ă©preuves que nous endurons durant notre vie et qui nous permettent de nous Ă©lever en grade ou de nous rĂ©trograder, comme il est prĂ©cisĂ© dans l'article : http://www.csmbnet.org/Publications/LirePublication.php?Id=52 Auteur : Mohammed Said Ne soyez pas passif, réagissez ŕ cet article, en ajoutant votre commentaire Copyright © CSMB 2010 |