L’individualisme et le communautaire en Islam

Khotba du Vendredi : 20-05-2011  

Louanges Ă  Dieu, Seigneur des mondes. C’est Toi, Ô notre Seigneur, que nous louons et Ă  qui nous demandons secours et guidance. Celui que Tu guides est certes le bien guidĂ© et celui qui dĂ©vie de Ta guidance est certes le plus Ă©garĂ©.

Je tĂ©moigne qu’il n’y a de dieu qu’Allah (l’ExaltĂ©), l’Unique qui n’a pas d’associĂ©. C’est Lui qui nous appelle Ă  la vigilance quant Ă  notre responsabilitĂ© vis-Ă -vis de nous-mĂȘmes et de notre entourage, par les versets suivants :

ياأيها الذين آمنوا عليكم أنفسكم، لايضركم من ضل إذا اهتديتم،
إلى الله مرجعكم فينبئكم بما كنتم تعملون

« Ô les croyants ! Vous ĂȘtes responsables de vous-mĂȘmes. Celui qui s’égare
ne vous nuira point si vous, vous avez pris la bonne voie.
C’est vers Allah que vous retournerez tous, Il vous informera
de ce que vous faisiez »

Je tĂ©moigne aussi que notre maĂźtre et bien aimĂ© Mohammed (Paix sur lui) est le prophĂšte de Dieu et Son messager Ă  l’humanitĂ© toute entiĂšre. Il est la bĂ©nĂ©diction de Dieu Ă  tous les humains quelles que soient leurs origines ou leurs cultures.


Chers frùres ! Chùres sƓurs !

Pas mal de personnes parmi nous comprennent le verset du Coran ci-dessus d’une maniĂšre erronĂ©e. Ils pensent que ce verset appelle le musulman Ă  :

  • L’isolement de la sociĂ©tĂ© ou du moins ne lui accorder qu’un intĂ©rĂȘt mineur ;

  • Ne s’occuper que de lui-mĂȘme et de sa famille dans un retrait total de la sociĂ©tĂ© ;

  • Ne donner aucune importance Ă  son entourage, que les autres s’égarent ou qu’ils soient sur la bonne voie.


S’il est difficile de rentrer dans les esprits des gens pour voir ce qu’ils pensent, il n’empĂȘche que leur vie de tous les jours nous fournit de nombreuses indications quant Ă  leurs pensĂ©es. L’absence des musulmans dans les Ɠuvres d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, sous diffĂ©rents prĂ©textes est l’un des signes de cette mauvaise comprĂ©hension. MalgrĂ© les plaintes quotidiennes au sujet de leur absence de satisfaction que ceux-ci ne cessent de murmurer.

Combien sommes-nous surpris d’entendre des formules du type de :

  • Je ne suis pas responsable de ce que font les autres ;

  • Dieu ne me demandera pas des comptes au sujet de ce que font les autres ;

  • Dieu ne m’interrogera que sur moi et ma famille ;

  • Je consacre mon temps pour l’éducation de mes enfants ?


Combien de projets communautaires vitaux souffrent de la pĂ©nurie d’hommes et de femmes susceptibles de les Ă©pauler et de les sortir de l’asphyxie qui les empĂȘche de progresser et de produire les fruits escomptĂ©s ?

Un jour, lors d’un sermon du vendredi, le successeur du ProphĂšte (PSL), le calife Abou-Bakr (qu’Allah l'agrĂ©e) dit :

"Ô gens ! Vous lisez ce verset et vous le comprenez d’une maniĂšre erronĂ©e. Sachez que j’ai entendu le ProphĂšte (Paix sur lui) dire :

« Si les gens voient le blĂąmable et n’Ɠuvrent pas pour le corriger, alors
Il les englobera tous par Son chùtiment. »


Quelle est alors la signification de ce verset ?


Allah (Ta’aalaa) nous appelle Ă  faire le bien et Ă  le recommander aux autres, de mĂȘme Ă  Ă©viter le mal et Ă  mettre en garde contre ses consĂ©quences. C’est ce qui est exprimĂ©, en Islam, par le principe du :الأمر بالمعروف و النهي عن المنكر
ou le commandement du convenable et l’interdiction du blñmable.

Comme nous le savons tous, cette notion de s’investir pour les Ɠuvres collectives est indispensable pour le vivre ensemble. Islamiquement, ce concept jouit du statut d’obligation collective. Autrement dit, cette tĂąche est obligatoire Ă  la sociĂ©tĂ©, mais n’est pas demandĂ©e Ă  chaque individu pris sĂ©parĂ©ment. Il suffit qu’un groupe de gens prennent en charge cette mission et arrivent Ă  assurer la satisfaction pour que les autres en soient dĂ©chargĂ©s. Sur ce point, le Coran stipule ce qui suit :

" ولتكن منكم أمة يدعون إلى الخير، و يأمرون بالمعروف و ينهون عن المنكر،
وأولائك هم المفلحون"

« Que soit issue de vous une communauté (un groupe) qui appelle au bien,
ordonne le convenable, et interdit le blĂąmable.
Car ce seront eux qui réussiront »


وما كان المؤمنون لينفروا كافة، فلولا نفر من كل فرقة منهم طائفة
ليتفقهوا في الدين ولينذروا قومهم إذا رجعوا إليهم

"Les croyants n’ont pas Ă  sortir tous en expĂ©dition. Pourquoi, de chaque clan,
quelques hommes ne s’en iraient-ils pas s’instruire dans la religion,
pour pouvoir Ă  leur retour, avertir leur peuple ?"



Le premier congrÚs du Conseil Supérieur des Musulmans de Belgique, organisé le 5 novembre 1994, à Bruxelles.


Ce statut d’obligation Ă  caractĂšre collectif est une bĂ©nĂ©diction divine Ă  l’égard des individus. En effet, aucune personne n’a la force ni la compĂ©tence ni la motivation pour s’investir dans tous les domaines et dans tous les projets utiles Ă  la collectivitĂ©. Chacun aura le choix d’apporter sa contribution Ă  la promotion de la sociĂ©tĂ© dans le domaine qui lui est le plus favorable et ainsi tous les domaines seraient couverts.

Dans le cas oĂč dans l’un des domaines il y a absence ou manque d’investissement humain ou financier, Ă  un tel point que les intĂ©rĂȘts et les droits vitaux de la collectivitĂ© sont mis en pĂ©ril - ce qui est malheureusement notre cas aujourd’hui -, c’est tous les membres de la sociĂ©tĂ© qui en seront responsables, Ă  des degrĂ©s divers selon leurs compĂ©tences.

Si malgrĂ© les efforts intensifs et l’investissement soutenu, les rĂ©sultats ne sont pas au rendez-vous ou ne sont pas au niveau des espĂ©rances, cela ne diminue en rien la valeur du travail fourni. Allah nous demande l’effort et non les rĂ©sultats. Ceci devrait nous ouvrir les yeux et ne pas rester prisonniers des rĂ©sultats.

En effet, nombreux parmi nous ne veulent participer Ă  un projet ou Ă  un travail communautaire quelconque que s’ils voient au prĂ©alable les rĂ©sultats. Ne nous sommes-nous pas interrogĂ©s d’oĂč vont venir les rĂ©sultats si chacun adopte cette position passive ? Ne savons-nous pas qu’il ne pleut du ciel ni de l’or ni de l’argent ? Ces matĂ©riaux prĂ©cieux ne tombent pas du ciel, mais ils ne sont que le fruit du travail laborieux ; de mĂȘme tout rĂ©sultat.

Ainsi, s’il nous est demandĂ© de commander le bien et d’interdire le mal Ă  nous ainsi qu’aux autres et dans le cas oĂč ces derniers refusent de suivre le bon chemin nous ne pouvons nullement porter la responsabilitĂ© de leur Ă©garement. Ce qui nous est demandĂ© c’est uniquement leur Ă©clairer le chemin et le leur indiquer et nullement le leur imposer de force.

Notre Ă©chec dans la guidance des autres ne pourrait, Ă  lui seul, ĂȘtre la cause de notre perdition ; et c’est cette vĂ©ritĂ© qui est soulignĂ©e dans ce verset :

« Ô les croyants ! Vous ĂȘtes responsables de vous-mĂȘmes. Celui qui s’égare
ne vous nuira point si vous, vous avez pris la bonne voie. »


Exemples à méditer


Allah (Ta’aalaa) nous donne, dans le Coran, des exemples parmi ses prophĂštes qui avaient accompli leur mission comme il se devait sans obtenir de rĂ©sultats spectaculaires, sans que cela ne diminue de leur importance auprĂšs de Dieu.

Le premier exemple à citer est le cas du prophÚte Noé (PSL) dont la mission a duré 950 années pleines de travail intense, durant lesquelles il avait utilisé les différentes méthodes de persuasion, comme en témoignent les versets suivants :

قال: رب إني دعوت قومي ليلا ونهارا، فلم يزدهم دعائي إلا فرارا.
وإني كلما دعوتهم لتغفر لهم جعلوا أصابعهم في آذانهم، واستغشوا ثيابهم ،
وأصروا واستكبروا استكبارا. ثم إني دعوتهم جهارا،
ثم إني أعلنت لهم و أسررت لهم إسرارا

« Il dit: «Seigneur! J’ai appelĂ© mon peuple, nuit et jour.
Mais mon appel n’a fait qu’accroütre leur fuite.
Et chaque fois que je les ai appelés pour que Tu leur pardonnes,
ils ont mis leurs doigts dans leurs oreilles. se sont enveloppĂ©s de leurs vĂȘtements,
se sont entĂȘtĂ©s et se sont montrĂ©s extrĂȘmement orgueilleux.
Ensuite, je les ai appelés ouvertement. Puis, je leur ai fait
des proclamations publiques, et des confidences en secret.


Quel a Ă©tĂ© le rĂ©sultat de ce dur et long travail ? TrĂšs peu de gens l’avaient suivi. Ce sont ceux qui ont Ă©tĂ© sauvĂ©s avec le ProphĂšte (PSL) dans l’arche. Ceci ne l’avait nullement empĂȘchĂ© d’ĂȘtre honorĂ© par Dieu des plus hauts grades de la prophĂ©tie.

Quant au second exemple, citons le prophĂšte Ibrahim (PSL) qui aprĂšs plusieurs annĂ©es de prĂȘche et aprĂšs un miracle des plus Ă©clatants, celui du feu, il ne s’est retrouvĂ© qu’avec un seul musulman, le prophĂšte Lot (PSL), comme le souligne le verset suivant :

"فآمن له لوط وقال إني مهاجر إلى ربي، إنه هو العزيز الحكيم"

« Lot crut en lui. Il dit: «Moi, j’émigre vers mon Seigneur,
car c’est Lui le Tout Puissant, le Sage».


MalgrĂ© cela et comme nous l’avions dĂ©jĂ  soulignĂ©, lors d’un prĂ©cĂ©dent discours, le prophĂšte Ibrahim (PSL) s’est vu dĂ©cernĂ©, par Allah, le grade trĂšs honorable de Khalil-Errahmane (خليل الرحمن) ou l’ami intime de Dieu.

Enfin, citons comme dernier exemple et non des moindres, le cas du prophĂšte Lot qui n’a Ă©tĂ© suivi par personne. A ce propos, le Coran nous dit, aprĂšs avoir Ă©voquĂ© le chĂątiment qui s’était abattu sur tout le village :

" فأخرجنا من كان فيها من المؤمنين، فما وجدنا فيها غير بيت من المسلمين"

Nous en (du village) fümes sortir alors ce qu’il y avait comme croyants,
mais Nous n’y trouvñmes qu’une seule maison (celle du prophùte) de gens soumis.



Chers frùres ! Chùres sƓurs !

AprÚs nous avoir bien étalé au sujet de la signification du verset cité au début du discours, nous sommes amenés à nous poser la question suivante :

Le musulman vit-il pour lui ou pour sa communauté ?


Dans notre contexte actuel, il est primordial que chaque musulman rĂ©flĂ©chisse sur cette question. Le musulman doit-il penser Ă  ses intĂ©rĂȘts personnels ou Ă  l’intĂ©rĂȘt de la communautĂ© ? La question aurait, peut-ĂȘtre, plus de sens en cas de conflit d’intĂ©rĂȘts, autrement dit si l’intĂ©rĂȘt personnel est compromis par l’intĂ©rĂȘt communautaire.

Il est bien Ă©tabli, par les diffĂ©rents textes, que lors du jugement dernier, chaque Ăąme est prĂ©occupĂ©e par son sort et non par celui de quelqu’une d’autre aussi proche soit elle, comme nous le rapporte le coran dans plusieurs de ses versets, parmi lesquels :

" يوم تذهل كل مرضعة عما أرضعت"

« Le jour oĂč vous le verrez, toute nourrice oubliera ce qu’elle allaitait »


فإذا جاءت الصاخة يوم يفر المرء من أخيه وأمه وأبيه وصاحبته وبنيه،
لكل امرئ منهم يومئذ شأن يغنيه

« Quand viendra soudain le grand fracas! Jour oĂč l'homme atterrĂ© fuira
son frĂšre, sa mĂšre, son pĂšre, sa compagne et ses enfants.
Chacun ayant assez, ce jour-lĂ , de s'occuper de lui-mĂȘme. »


Si au jour de jugement, c’est le ‘je’ qui domine, il n’en est pas ainsi dans notre vie actuelle. En effet, notre religion insiste sur la vie en communautĂ© et rejette toute forme d’égoĂŻsme et d’individualisme. Ainsi, par exemple, dĂ©clare le ProphĂšte (PSL) :

"لا يؤمن أحدكم حتى يحب لأخيه ما يحب لنفسه"

« Nul parmi vous n’est vraiment croyant jusqu’à ce
qu’il aime Ă  son frĂšre ce qu’il aime Ă  soi-mĂȘme »


L'intĂ©rĂȘt Ă  la collectivitĂ© Ă  travers les piliers de l'Islam


L’Islam manifeste cet intĂ©rĂȘt Ă  la collectivitĂ© Ă  travers toutes ses prescriptions, Ă  commencer par notre rencontre actuelle, Ă  savoir la priĂšre du vendredi qui est obligatoire Ă  tous les hommes et qui ne peut se faire qu’en groupe. Si nous jetons un simple regard sur les piliers de l’Islam nous allons dĂ©couvrir qu'ils reflĂštent tous l’importance que l’Islam accorde Ă  la collectivitĂ©.

  • Les priĂšres quotidiennes, (le principal pilier de l’Islam) sont prescrites Ă  ĂȘtre faites en groupe. Il y a unanimitĂ© des savants sur le fait que la priĂšre en groupe est meilleure que la priĂšre individuelle. Le ProphĂšte (PSL) souligne cette importance dans pas mal de ses hadiths parmi lesquels :

    " الصلاة في جماعة تعدل خمسا وعشرين صلاة"

    “La priĂšre en groupe est supĂ©rieure Ă  la priĂšre individuelle de vingt cinq degrĂ©s”.

    Selon une autre version vingt sept degrés.



    La priĂšre collective Ă  la Mecque



    وإن صلاة الرجل مع الرجل أزكى من صلاته وحده، وصلاته مع الرجلين أزكى
    من صلاته مع الرجل ، وما كثر فهو أحب إلى الله تعالى

    “La priĂšre d’un homme avec un autre est plus pure que celle effectuĂ©e tout seul.
    Sa priĂšre avec deux personnes est plus pure que celle accomplie avec une seule personne.
    Plus il y a de monde et davantage cette priĂšre est dĂ©sirĂ©e par Dieu”.


    Certains savants la considĂšrent comme Ă©tant obligatoire, en cas d’absence d’empĂȘchement. D’autres la voient uniquement comme pratique fortement recommandĂ©e (sounna mouakkadah).


  • Quant Ă  la zakat, elle est le modĂšle de la solidaritĂ©, par excellence, entre les membres de la sociĂ©tĂ©. Le ProphĂšte (PSL) la dĂ©finit comme Ă©tant « une aumĂŽne prĂ©levĂ©e de leurs riches et distribuĂ©e Ă  leurs pauvres ». c’est l’aspect Ă©conomique du modĂšle social de l’Islam.

    Une simple analyse des bĂ©nĂ©ficiaires de cette aumĂŽne montre combien l’Islam accorde d’intĂ©rĂȘt Ă  la vie collective. Dans la sourate Attawba (le Repentir), Allah dit :

    إنما الصدقات للفقراء والمساكين والعاملين عليها والمؤلفة قلوبهم و في الرقاب
    والغارمين وفي سبيل الله وابن السبيل

    « les aumÎnes sont pour les pauvres, pour les nécessiteux, pour ceux qui y travaillent,
    pour ceux dont les sympathisants, pour l'affranchissement des jougs,
    pour ceux qui sont lourdement endettés, dans le sentier d'Allah,
    et pour les passagers de la route »


  • Dans le jeĂ»ne du Ramadan, nous retrouvons l’aspect social et communautaire dans diffĂ©rents points.

    • Dans le jeĂ»ne, il y a la prise de conscience de ce que vivent les pauvres en matiĂšre de faim et de privation durant toute l’annĂ©e afin de les soutenir dans leur Ă©preuve;

    • L’appel au partage et Ă  la gĂ©nĂ©rositĂ© rappelle au musulman qu’il ne vit pas seul et qu’il doit prendre conscience de l’existence des autres ;

    • Le mois du Ramadan, durant lequel tous les musulmans doivent jeĂ»ner, rappelle Ă  ceux-ci leur appartenance Ă  une mĂȘme communautĂ©. Il est l’un des symboles de l’unitĂ© des musulmans. Allah (Ta’aalaa) aurait pu, par exemple, prescrire un mois de jeĂ»ne pour les mĂ©rites qu’il procure Ă  la santĂ© tant physique que morale du jeĂ»neur, mais laisser Ă  ce dernier le soin de choisir lui-mĂȘme le mois qu’il souhaiterait jeĂ»ner. La prescription du mĂȘme mois pour tous leur fait sentir leur unitĂ© et leur appartenance Ă  un mĂȘme groupe au sein duquel ils doivent vivre en parfaite harmonie.


  • Et nous arrivons, enfin, au pĂšlerinage qui est une rencontre, Ă  grande Ă©chelle, avec les autres musulmans du monde entier, avec lesquels on partage plusieurs moments de vie spirituelle, entrecoupĂ©s de passages culturels et sociaux.


Ainsi, nous voyons qu’en Islam la vie en sociĂ©tĂ© est bien entretenue et dans tous ses aspects. L’individu y est vu, avant tout, comme un membre de la collectivitĂ© et non comme un Ă©lectron libre qui n’a aucune relation avec ses semblables. Il est appelĂ© Ă  ĂȘtre un Ă©lĂ©ment utile dans le groupe auquel il est reliĂ© et Ă  Ɠuvrer activement pour son Ă©panouissement.


Le soutien mutuel entre le groupe et l’individu


L’appartenance au groupe procure de la protection et de l’assurance Ă  l’individu. C’est pour cette raison que le ProphĂšte (PSL) appelle le musulman Ă  ne pas s’éloigner du groupe. Ainsi, il dĂ©clare par exemple :

"فعليكم بالجماعة، إنما يأكل الذئب من الغنم القاصية"

« Soyez avec le groupe car le loup ne s’attaque, dans le troupeau,
qu’au mouton isolĂ© »


Le loup agressant un mouton isolé.

Le groupe est un gage de protection et de force pour l’individu contre tout ce qui pourrait le nuire. Ce qui est exprimĂ© ici par le loup pourrait ĂȘtre le diable qui s’attaque prioritairement au croyant isolĂ©, comme il pourrait ĂȘtre n’importe quel ennemi immoral dont la seule devise est « le plus fort dĂ©vore le plus faible ». Le groupe fort et puissant dresse des remparts assez solides pour la protection de ses membres leur permettant de vivre dans la dignitĂ© et le respect des autres Ă  leur Ă©gard. Quant au groupe faible dont les membres vivent comme des Ă©lectrons libres, n’ayant aucune structure entre eux et dont les moyens financiers sont prĂ©caires, celui-lĂ  ne pourrait garantir aucune protection Ă  ses sujets. Ces derniers se verraient des proies faciles Ă  tout rapace tendancieux.

Ne voyons-nous pas que les individus qui sont souvent discriminĂ©s et privĂ©s de leurs droits, appartiennent, gĂ©nĂ©ralement, aux groupes marginaux dont l’organisation est nonchalante et qui ne bĂ©nĂ©ficient d’aucune protection ? A l’égard de ceux-lĂ , tout peut ĂȘtre tolĂ©rĂ© au nom de la libertĂ© d’expression ou de toute autre sorte de libertĂ© ?

A l’opposĂ©, nous trouvons des groupes qu’on pourrait qualifier d’ « intouchables », non au sens des castes indiennes traditionnelles, mais au sens des valeurs modernes qui verrouillent certains domaines considĂ©rĂ©s comme tabous et pour lesquels la notion de libertĂ© d’expression a perdu tout son sens.

DĂšs lors, il n’est pas surprenant de voir l’Islam bannir tout ce qui pourrait affaiblir la collectivitĂ©, tels les querelles

" ولا تنازعوا فتفشلوا وتذهب ريحكم "

« et ne vous disputez pas, sinon vous fléchirez et perdrez votre force. »


ou le manque d’organisation. Ainsi, le Prophùte (PSL) nous apprend :

" إذا كنتم ثلاثة فأمروا أحدكم "

« si vous ĂȘtes trois (dans un projet), prenez l’un d’entre vous comme responsable »


Par ailleurs, si, comme nous l’avons soulignĂ© prĂ©cĂ©demment, la collectivitĂ© diffuse sa puissance et sa faiblesse Ă  ses membres, ces derniers sont, en fait, les vĂ©ritables artisans de la force du groupe. Ce dernier est fortifiĂ© et consolidĂ© par ses membres qui peuvent en faire une fortification impĂ©nĂ©trable ou une ruine accessible Ă  n’importe quel chien errant.

  • C’est le principe des syndicats qui dĂ©fendent les droits des travailleurs. La force de ces organisations provient de leurs affiliĂ©s. Plus elles comptent de membres plus elles sont fortes et influentes et obtiennent des rĂ©sultats.


  • C’est aussi le principe des partis politiques qui dĂ©fendent des valeurs de sociĂ©tĂ© et de bonne gouvernance et dont le poids provient de leurs Ă©lecteurs, qui par leurs voix leur accordent un crĂ©dit et une force. Notre pays, en panne depuis plus d'un an, en connaĂźt beaucoup de choses dans ce domaine.


  • Les manifestations de rue en guise de protestations ou de revendications arrivent Ă  se faire entendre grĂące Ă  la participation massive des citoyens. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’effectif diffĂšre toujours selon qu’il soit donnĂ© par les organisateurs ou par la police, parfois la variation va du simple au double.


  • Un dernier exemple nous fait venir Ă  ce qu’on appelle, de nos jours, le printemps arabe. Le soulĂšvement populaire dans ces pays trĂšs peu soucieux de la dĂ©mocratie et de l’alternance du pouvoir, non prĂ©visible jusqu’il y a quelques mois, n’a pu donner ses fruits que grĂące Ă  la participation massive des individus. Les rassemblements multi millionnaires de la place Tahrir ont fini par Ă©vincer l’une des dictatures les plus enracinĂ©es du monde.



Chers frùres ! Chùres sƓurs !

Vivre en marge de la sociĂ©tĂ© en n’accordant de l’intĂ©rĂȘt qu’à son Ă©go et refusant toute notion de sacrifice au profit de la collectivitĂ© avec la prĂ©tention que chacun ne devra rendre des comptes au jour du jugement que de lui mĂȘme et de sa famille en prenant comme preuve le verset du Coran citĂ© au dĂ©but de ce discours, ceci est tout-Ă -fait contraire aux principes de l’Islam. Venir, ensuite, se plaindre de la perte de ses droits ou du manque de respect Ă  son Ă©gard, c’est agir en pleine contradiction avec la raison, la religion ainsi qu’avec les lois de la nature.

Et en cas de conflit d’intĂ©rĂȘts entre l’individu et la sociĂ©tĂ© ?


L’Islam a Ă©tabli l’équilibre entre l’intĂ©rĂȘt individuel et celui de la collectivitĂ©. Chacun vole au secours de l’autre. NĂ©anmoins, les services du groupe au profit des individus sont tellement importants que toutes les juridictions sĂ©rieuses sont unanimes sur la prĂ©pondĂ©rance de l’intĂ©rĂȘt collectif sur l’intĂ©rĂȘt individuel.

Pourrions-nous, dĂšs lors, continuer Ă  justifier notre inertie Ă  l’égard de la sociĂ©tĂ© et notre contribution au maintien de notre communautĂ© parmi les plus faibles et les plus dĂ©sorganisĂ©es, par la crainte de la perte de nos privilĂšges et de ceux de nos enfants ?
Auteur : Mohammed Said


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