Et après le Ramadan ?

Khotba du Vendredi : 09-08-2013  

    Louange à Dieu, le Seigneur des mondes. Nous Te louons, O notre Seigneur, et Te demandons le secours et nous nous réfugions auprès de Toi contre les vices de nos personnes et contre nos mauvaises actions.

    Celui que Tu guides est certes le bien guidé ; quant à celui que Tu égares, il ne trouvera aucun autre guide qui puisse l’orienter.

    O notre Seigneur, nous Te demandons la guidance et la piété, la chasteté et la satisfaction du cœur et nous nous réfugions auprès de Toi de l’épreuve de la vie et de la mort et du châtiment de la tombe et des tourments de l’enfer.

    Je témoigne qu’il n’y a de dieu qu’Allah, l’Unique sans associé. Et je témoigne que Mohammed (PSL) est Son messager et qu’il est le sceau des prophètes.

    Chers frères !
    En ces jours, nous vivons des jours de joie et de réjouissance après avoir passé un mois de formation et d’épreuve. C’est la première joie à laquelle fait référence le hadith du Prophète (PSL), rapporté par Abou-Hourayra :

    "للصائم فرحتان، فرحة عند فطره وفرحة عند لقاء ربه "

    “Le jeûneur connaît deux joies:

    1. Quand il rompt son jeûne il se réjouit et,

    2. quand il rencontre son Seigneur, il se réjouit de son jeûne".



    Parmi les bénédictions qu’Allah (Ta’aalaa) a données à la communauté musulmane, le mois du Ramadan. Même si beaucoup, aujourd’hui, ne voient en ce mois qu’une période de privation dure à supporter, il en est tout-à-fait autrement pour le musulman de foi. C’est un mois de privation, certes, de certains plaisirs durant la journée, mais surtout:

    • un mois de beaucoup de bĂ©nĂ©dictions et de multiplication des bonnes Ĺ“uvres,

    • un mois de pardon et de conciliation,

    • un mois d’affranchissement du feu de l’enfer. Il est rapportĂ© du Prophète (PSL) que:

      le Ramadan est un mois dont:

      • le dĂ©but est misĂ©ricorde,

      • le milieu est pardon et

      • la fin affranchissement du feu de l'Enfer.


      Ceci veut dire qu’Allah (Ta’aalaa) gracie un certain nombre de personnes qui avaient, tous, valu l’enfer par leurs œuvres.

    • un mois de patience comme il est prĂ©cisĂ© dans le hadith, Ă  propos du mois du Ramadan :


    • “C'est le mois de la patience, et la rĂ©compense de la patience est le Paradis. “


    • un mois de partage avec la famille, avec les amis et avec les dĂ©munis,

    • un mois de prise de conscience de l’unitĂ© de la nation musulmane, notamment par le fait que tous les musulmans, Ă  travers le monde, jeunent durant le mĂŞme mois. Ils commencent le mĂŞme jour et terminent le mĂŞme jour, mĂŞme si sur ce point nous continuons malheureusement Ă  subir encore des Ă©checs. NĂ©anmoins, l’unitĂ© de la nation musulmane reste perçue dans les diffĂ©rentes règles qui organisent le jeĂ»ne dans tout le monde musulman. Le dĂ©but du mois commence Ă  l’apparition de la nouvelle lune et il termine Ă  l’apparition de la nouvelle lune suivante. Pour tous, la pĂ©riode journalière du jeĂ»ne commence Ă  l’aube et se termine au coucher du soleil. Donc, cette soumission aux mĂŞmes règles divines fait naĂ®tre le sentiment de l’unitĂ© de la nation musulmane.



    • un mois de rencontre et de renforcement des liens de fraternitĂ©,

    • et c’est le mois du Coran, durant lequel il est descendu sur notre prophète (PSL) et durant lequel les musulmans passent en revue les enseignements divins que ce livre a rĂ©sumĂ©s.



    En résumé, le mois du Ramadan est un mois de formation durant laquelle le musulman s’entraîne à l’acquisition de toutes les qualités qui feront de lui un citoyen valable dans la société:

    • un citoyen qui vit avec les autres et qui est sensible Ă  leurs problèmes et Ă  leurs souffrances,

    • un citoyen ouvert aux autres cultures mais avec une grande fiertĂ© de la sienne,

    • un citoyen libre et non esclave de ses instincts et de ses plaisirs bestiaux,

    • un citoyen d’une grande spiritualitĂ© l’élevant au dessus des valeurs purement matĂ©rielles de notre monde, sans pour autant nier l’importance de ces dernières.

    • Un citoyen capable de prendre des dĂ©cisions quelles que soient l’importance ou la gravitĂ© des situations, après en avoir fait une Ă©tude circonstanciĂ©e.


    Chers frères !
    La période de formation n’est jamais une fin en soi. Elle est toujours destinée à être appliquée durant une certaine période de temps plus ou moins longue, celle-ci pouvant s’étaler sur une période de vie professionnelle où l’individu doit mettre en pratique les notions acquises, comme elle pourrait s’étaler sur toute la vie.

    De même, le mois de Ramadan n’est pas une fin en soi et les valeurs de partage, de pardon, de patience et les autres, acquises durant ce mois ne doivent pas être limitées à cette période de jeûne, mais leur champ d’application doit s’étendre sur toute l’année et sur toute la vie.

    C’est par ces valeurs que le Créateur nous inculque à chaque mois de Ramadan et nous rappelle à différentes occasions durant l’année que cette communauté a été élevée au dessus des autres nations auprès de Dieu, comme nous l’affirme le verset suivant :

    كُنْتُمْ خَيْرَ أُمَّةٍ أُخْرِجَتْ لِلنَّاسِ تَأْمُرُونَ بِالْمَعْرُوفِ وَتَنْهَوْنَ عَنِ الْمُنْكَرِ وَتُؤْمِنُونَ بِاللَّهِ

    Vous êtes la meilleure communauté, qu’on ait fait surgir pour les hommes.
    Vous ordonnez le convenable, interdisez le blâmable et croyez à Allah.

    Bien-sûr, cette promotion accordée à la nation musulmane nécessite l’application des valeurs qui lui ont permis cette distinction, les valeurs résumées dans ce verset par les 3 propositions :

    1. ordonner le convenable,

    2. interdire le blâmable et

    3. croire en Allah, Soubhanahou wa Ta’aalaa.


    Allah (Ta’aalaa) a doté cette communauté de toutes les valeurs lui permettant d’accéder à la meilleure place, au sein de l’humanité. Reste à vouloir atteindre cette place ou non. Si oui, il ne reste qu’à accepter ces valeurs et les mettre en pratique et éviter de s’en distancer.

    Ce sont ces valeurs qui avaient permis aux musulmans de s’illustrer, durant près d’un millénaire, par la grande civilisation connue de tous et sur base de laquelle a été bâtie la civilisation occidentale qui nous émerveille aujourd’hui par ces prodigieuses réalisations.

    Et ce sont aussi ces valeurs qui ont permis à ceux qu’on appelle aujourd’hui « islamistes », terme très peu élogieux attribué par les adversaires de l’Islam à ceux qui veulent mettre en pratique ces valeurs de l’Islam dans leur vie, de sortir systématiquement vainqueurs dans le verdict des urnes des différents pays musulmans lors des élections lorsque celles-ci sont libres et indépendantes.

    Chers frères !
    Certains parmi vous seraient, peut-être, tentés de s’interroger sur la raison de voir le vécu des musulmans bien différent de ce qui est décrit ci-dessus.

    1. Pourquoi, malgré le verdict des urnes qui leur est favorable, les « islamistes » ne sont que rarement au pouvoir ?

    2. Pourquoi sont-ils généralement dénigrés par les medias et sujets à des répressions féroces ?

    3. Et tant d’autres questions qu’on pourrait légitimement poser, sur base de notre vécu.



    Pour répondre à ces interrogations, nous avons à mentionner 2 remarques :

    1. Comme il a été précisé précédemment, le critère de sélection de la nation musulmane dépend de certaines conditions. Il n’est donc pas absolu de se dire musulman et être automatiquement le meilleur. Mais il faut le travail, il faut l’effort dans le combat de l’injustice et du mensonge. Il faut l’effort dans la mise en pratique des valeurs acquises lors de la formation du mois de Ramadan.

    2. La guerre entre le vrai et le faux, entre le bien et le mal, qui avait commencé depuis le début de la création et le refus de Iblis de se prosterner devant Adam comme le lui avait ordonné le Seigneur de l’univers, est une guerre perpétuelle et pour la gagner il est indispensable de bien disposer des moyens adéquats et c’est pour ça que le Coran appelle les croyants à bien se préparer, dans le verset suivant :


    3. وَأَعِدُّوا لَهُمْ مَا اسْتَطَعْتُمْ مِنْ قُوَّةٍ وَمِنْ رِبَاطِ الْخَيْلِ تُرْهِبُونَ بِهِ
      عَدُوَّ اللَّهِ وَعَدُوَّكُمْ وَآخَرِينَ مِنْ دُونِهِمْ لَا تَعْلَمُونَهُمُ اللَّهُ يَعْلَمُهُمْ

      Et préparez [pour lutter] contre eux tout ce que vous pouvez comme force et
      comme cavalerie équipée, afin de dissuader l’ennemi d’Allah et le vôtre,
      et d’autres encore que vous ne connaissez pas en dehors de ceux-ci
      mais qu’Allah connaît.


      Ainsi, le musulman doit disposer des moyens de dissuasion qui maintiennent l'ennemi Ă  une certaine distance.

      Il doit aussi faire preuve d’une vigilance accrue, surtout de nos jours où l’hypocrisie devient monnaie courante auprès de certains groupes de personnes pour arriver à des buts loin d’être louables. Le musulman doit être comme il est rapporté d’Omar ibn Al-Khattab (qu’Allah l’agrée):

      لستُ بالخِبِّ، ولا الخِبُّ يَخدعُني

      Je ne suis pas un trompeur mais le trompeur ne peut me tromper.

      Comment accepter qu’un criminel comme Al-Sissi puisse passer à travers les mailles du filet et être nommé par le président Morsi lui-même à un poste si sensible qui va lui permettre de commettre tous ses crimes ? Il est clair que le président avait été trompé par l’hypocrisie de cet homme.

    4. La notion de l’épreuve: Comme toute autre personne, le musulman doit passer par des épreuves lui permettant :

      1. d’une part, de déterminer et de découvrir ses compétences en matière de qualités humaines et de qualités professionnelles ;

      2. d’autre part, de dévoiler les réalités cachées des personnes et des institutions et ainsi pouvoir les départager d’une manière avertie.


    Ainsi, les événements d’Égypte nous ont permis de connaître les vrais démocrates des hypocrites qui se tenaient à l’affut et attendaient l’occasion propice pour réinstaurer la dictature et revenir à l’ancien régime, à l’exemple de ceux qui prétendaient manifester contre la dictature de Moubarak, puis une fois rejetés par les urnes ils n’hésitent pas à se faire porter par les chars d’Al-Sissi pour occuper illégalement des postes que la démocratie leur avait interdits.

    Et combien de tartuffes ont trompé les musulmans avec leurs longues barbes ou avec leurs douces paroles et qui se révèlent aujourd’hui sous leur véritable nature. Ils se partagent le crime avec leurs maîtres en appelant au meurtre et au massacre des manifestants qui ne font que revendiquer leur droit volé par les militaires et qui sont traités par les uns de terroristes et par d’autres de « chiens de l’enfer ».

    Et combien de media ont finalement sombré dans la délinquance médiatique en ne faisant plus la distinction entre le vrai et le faux. Leur lexique ne connait plus la notion d’objectivité ni la notion de l’avis et l’avis opposé. Pire, les voleurs de la légitimité deviennent le pouvoir légitime et les légitimes deviennent des terroristes, à leurs yeux.

    Enfin, combien de pays dits frères ou amis ont été démasqués et apparaissent maintenant sous leur véritable visage, d’ennemis à la démocratie et à la liberté des peuples. Ceux-là sont prêts, aujourd’hui, à débourser ce qu’ils n’avaient pu débloquer hier pour les pauvres et les déshérités, des milliards de dollars comme récompenses et comme corruption afin d’entraver tout processus de démocratisation de la société musulmane susceptible de leur coûter leurs trônes.

    Ainsi, le Coran nous précise cette réalité :

    وَلَنَبْلُوَنَّكُم حَتَّى نَعْلَم الْمُجَاهِدِينَ مِنْكُمْ وَالصَّابِرِينَ وَنَبْلُو أَخْبَاركُمْ

    Nous vous éprouverons certes afin de distinguer ceux d’entre vous qui
    luttent [pour la cause d’Allah] et qui endurent, et afin
    d’éprouver [faire apparaître] vos nouvelles.

Auteur : Mohammed Said


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