Mandela, symbĂ´le de la lutte contre l'injustice.

Date de publication : 16-12-2013  
Ce dimanche 15 décembre 2013, les Sud-Africains ont fait leurs derniers adieux au président Nelson Mandela, décédé le jeudi 5 décembre. L’homme qui après des décennies de lutte contre l’Apartheid, près du tiers de sa vie dans ses geôles et dont le nom était resté sur la liste noire (des personnes terroristes) des USA jusqu’en 2008, a finalement réussi à faire l’unanimité autour de lui pour le reconnaître comme étant un grand homme de l’histoire contemporaine.

Cette reconnaissance s’était manifestée par le grand hommage qui lui a été rendu par la centaine de dirigeants et chefs d’Etats, le mardi 10 décembre 2013. En effet, ce jour avait rassemblé le monde entier dans la capitale sud-africaine afin de présenter leurs adieux à ce grand combattant du 20ème siècle. La présence à ce grand meeting de beaucoup de dirigeants qui ne réservent aucun intérêt aux valeurs de la dignité humaine, de la justice et des valeurs démocratiques traduit l’embarras dans lequel ils se voyaient à ne pas être vus dans les obsèques d’une si grande personnalité planétaire.

Les différents éloges prononcés tant par les grands de ce monde que par toute la population du pays avec ses différentes couleurs et religions n’ont fait qu’exprimer le caractère unanime de la reconnaissance de la valeur de l’homme.



Combattant pour la liberté, il réussit à vaincre l’apartheid, le pire des régimes racistes que notre planète n’ait jamais connu et que les afrikaners avaient introduit en Afrique du Sud.

Combattant pour la reconstruction d’une société moderne multiraciale et multiconfessionnelle, il réussit à dresser les bases d’un état démocratique où les adversaires de hier deviennent des partenaires aujourd’hui, bénéficiant des mêmes droits et des mêmes obligations.

Enfin, combattant contre son propre ego, il réussit à supporter tous les sacrifices pour que son peuple recouvre la liberté et la dignité humaine et à vaincre le désir de vengeance en décrétant le pardon à ses geôliers qui lui avaient volé 27 années de sa vie.

La Conseil Supérieur des Musulmans de Belgique s’associe au peuple Sud-Africain dans sa douleur pour la perte du père et du fondateur de la nouvelle Afrique du Sud, démocratique, multiraciale et multiconfessionnelle et présente ses sincères condoléances à la famille du défunt ainsi qu’à tout le peuple sud-africain.

Quelles leçons pourrons-nous tirer de la vie de ce grand homme ?

Mandela a offert sa vie pour la liberté, la justice et la dignité humaine. Aujourd’hui, tout un peuple en bénéficie et lui est reconnaissant. Dieu lui a permis de goûter au fruit de sa lutte et de son sacrifice, durant une vingtaine d’années avant qu’il ne quitte ce monde. S’attendait-il à vivre 95 ans alors qu’il est resté en prison jusqu’à l’âge de 70 ans ?

L’injustice fait partie intégrante de notre monde. Elle est la conséquence de la maladie du cœur et de l’esprit de certaines personnes atteintes du complexe de supériorité et qui cherchent à assouvir leur appétit par la volonté d’écraser ceux qu’ils considèrent comme étant inférieurs en les dépouillant progressivement de leurs droits jusqu’à arriver aux plus élémentaires parmi ceux-ci. Les grands de la nation, généralement peu nombreux, ne peuvent supporter de mettre leurs visages dans le sable et d’accepter la perte de leur dignité ; ils se dressent contre l’injustice et en consentent à tous les sacrifices. Face à la détermination, l’injustice ne saurait résister longtemps et elle finit par s’effondrer. Ainsi, a été le sort de l'apartheid en Afrique du Sud.

Par contre, tout comme pour la maladie, l’absence de traitement ne fait qu’aggraver l’injustice et la rendre fatale et irréversible. Quant à son traitement, il réside dans la lutte et le combat pour lui mettre fin.

En 1990, l’homme quitte la prison après y avoir passé 27 années de sa vie, le régime d’apartheid s’écroule et il prend le pouvoir après des élections démocratiques. Toutes les cartes étaient entre ses mains mais il décrète la réconciliation nationale et le pardon, sans poursuivre ses geôliers et tortionnaires. Cette attitude sage a permis d’éviter un bain de sang et une guerre civile qui aurait pu se déclarer si l’option de la vengeance aurait été choisie.

Malgré que ces valeurs de pardon et du rejet de la vengeance soient des valeurs aussi bien chrétiennes que musulmanes, les événements internationaux que nous avons vécus ces dernières décennies nous ont montré un écart inquiétant entre la réalité et les valeurs théoriques.

Les valeurs universelles d’égalité, de fraternité et de liberté, reprises pratiquement dans toutes les constitutions, y compris celles des pays dits démocratiques, sont bien loin de trouver un terrain d’application. L’hommage qui paraît unanime, rendu à cette icône de la lutte contre la discrimination et le sectarisme, cache bien des surprises.

La grande puissance représentée aux funérailles de Nelson Mandela, ce 10 décembre, par 4 de ses présidents dont celui actuellement en exercice, continue aujourd’hui à agir contre la liberté des peuples, à soutenir et même à instaurer des dictatures. N’oublions pas, d’ailleurs, que le président Ronald Reagan est allé, durant les années quatre vingt, jusqu’à user de son droit de Veto pour empêcher le Conseil de Sécurité de l’ONU d’adopter des sanctions contre le régime d’Apartheid.

Aujourd’hui, des populations entières continuent à subir les foudres de l’injustice au vu et au su des prétendus défenseurs des droits de l’homme. Le peuple palestinien ne cesse de se faire grignoter chaque jour davantage de sa dignité et de sa liberté, avec la bénédiction et le soutien indéfectible des « grandes démocraties ». Au lendemain de sa libération et de son accession à la présidence du pays, Nelson Mandela n’a pas hésité à affirmer, haut et fort, son soutien à ce peuple qui continue à gésir sous le poids d’un autre apartheid et à déclarer : « … notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens ».

Un autre peuple, les Rohingyas de Birmanie, ignoré des feux des projecteurs, subit l’extermination systématique dans l’indifférence totale des medias et des défenseurs des droits de l’homme. La super médiatique, prix Nobel de la Paix, Aung San Suu Kyi, que certains cherchent à propulser à la prestigieuse place de sagesse et de défense des libertés et des droits de l’homme, restée orpheline par la disparition de Nelson Mandela, ne dit pas un mot à propos de cette épuration ethnique.

Sachons qu’avec le courage, la sincérité et la persévérance aucun droit ne sera voué à l’errance. Le sacrifice pour les bonnes causes est une condition sine qua non pour tout succès.

Que les nouvelles générations apprennent de ce grand monument les valeurs de courage, de sacrifice et de lutte contre l'injustice et que chacun et chacune dépose son empreinte pour l’édification d’un avenir meilleur pour toute l’humanité.


Que la disparition de ce grand homme de valeurs humaines ne nous fasse pas perdre les enseignements pour lesquelles il a consacré toute sa vie.
Auteur : CSMB


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