بسم الله الرØمن الرØيم
Khotba du vendredi 24/07/2015
Correspondant au 8 Chawwal 1436 H
Chers frères!
Avant une semaine, nous étions en plein mois du Ramadan, le mois de la patience, du partage, de la solidarité, du Coran, en bref le mois de toutes les vertus. C'était le mois de la formation ou du recyclage aux valeurs que notre religion nous a prescrites pour toujours. C'est le recyclage annuel aux valeurs qui font de cette communauté la meilleure communauté qu'Allah ait mise dans ce monde, conformément à la déclaration divine:
" كنتم خيرأمة أخرجت للناس"
"Vous �tes la meilleure communaut�, qu'on ait fait
surgir pour les hommes"
Parmi les caract�ristiques de cette communaut�, que d'autres consid�rent comme conditions pour promouvoir � ce grade �lev�:
- Vous ordonnez le convenable,تأمرون بالمعروÙ
- vous interdisez le bl�mable et و تنهون عن المنكر
- vous croyez en Allah. و تؤمنون بالله
La mosqu�e Al-Azhar, au Caire
l'une des r�f�rences les plus importantes
de l'Islam sunnite.
A chacun d'entre nous de faire une �valuation en lui, d'abord, avant de chercher chez les autres, la pratique de ces valeurs. Nous allons d�couvrir des choses surprenantes.
D'autre part, ce rappel annuel nous am�ne � rester en permanence fid�les � ces valeurs de partage, de dialogue et de solidarit� qui permettent de nous garder � une certaine distance de tous les extr�mismes et ainsi �tre conforme � la qualification divine, dans le verset :
" وكذلك جعلناكم أمة وسطا "
" Et ainsi Nous avons fait de vous une communaut� de justes ou du juste milieu "
Cependant, en jetant un regard sur notre v�cu, l'observateur se trouve surpris de voir beaucoup d'extr�misme dans le comportement et dans les agissements de beaucoup d'entre nous.
A tort ou � raison, notre jeunesse, cens�e �tre notre richesse et l'objet de notre fiert�, se retrouve aujourd'hui au centre de toutes les accusations relatives � ce d�faut. S'il en est ainsi, c'est que notre jeunesse souffre d'une crise de mod�les et d'une crise de rep�res sans pr�c�dent. Ces notions de mod�les et de rep�res sont d'une extr�me importance.
Chacun parmi nous pourrait facilement affirmer que notre religion nous a d�termin� le mod�le et le rep�re que doit avoir tout musulman:
لقد كان لكم ÙÙŠ رسول الله أسوة Øسنة لمن كان "
يرجو الله واليوم الآخر وذكر الله كثيرا "
"vous avez dans le Messager d'Allah un excellent mod�le [� suivre], pour
quiconque esp�re en Allah et au Jour dernier et invoque Allah fr�quemment."
Ceci, nul ne pourrait le contester. Seulement, o� pouvons-nous nous situer par rapport aux enseignements et au comportement de notre Proph�te (que la Paix soit sur lui)?
Loin de porter des accusations � qui que ce soit, nous ne pouvons dissocier le comportement de notre jeunesse de la r�alit� qu'elle vit au quotidien. Cherchons les mod�les et les rep�res dont cette jeunesse dispose et qui pourraient l'orienter dans ses agissements quotidiens.
- A commencer par la famille et les parents: donnent-ils la meilleure �ducation � leurs enfants? Le respect d'autrui, la solidarit�, l'honn�tet� et la patience sont-ils toujours des valeurs de premier plan? Quel h�ritage transmettent les ain�s aux g�n�rations suivantes?
Le sentiment de fatalit� que les ain�s manifestent r�guli�rement face aux diff�rentes injustices sociales qui vont en s'aggravant, ne pourrait en aucun cas forger des esprits novateurs ayant le courage de prendre des initiatives et de s'investir dans les diff�rents domaines pour l'am�lioration de leurs conditions de vie.
Les probl�mes r�currents que la communaut� subit durant des d�cennies, et dont chaque g�n�ration assiste � une couche suppl�mentaire sans qu'il n'y ait de tentatives de r�solution, ne font qu'alourdir le poids de la d�ception, du regret, voire de la haine � l'�gard de la soci�t� qu'ils estiment responsable de leur marginalisation et des injustices dont font r�guli�rement l'objet.
- Les savants et les mosqu�es sont-ils toujours des rep�res qui orientent nos g�n�rations ? L'�loignement de ces institutions de la r�alit� des gens et la complicit�, dans certains cas, de certains de leurs dirigeants ont fait perdre toute cr�dibilit� � leur �gard.
Les discours du vendredi hebdomadaires, cens�s r�pondre aux pr�occupations des musulmans et apporter certaines solutions � leurs probl�mes quotidiens, deviennent de plus en plus st�riles et �loign�s de la r�alit� de la soci�t�. Pire encore, les exemples d'institutions et de personnalit�s religieuses hostiles � toute promotion de la communaut� sont de plus en plus nombreux.
Afin de parler de l'importance de la mosqu�e en Islam, on n'h�site pas � citer les exemples de l'�poque glorieuse de l'Islam o� la mosqu�e �tait le lieu de rassemblement des musulmans pour:
- �tre inform�s des nouvelles les concernant;
- s'instruire: c'�tait l'�cole et l'universit�;
- leur �ducation aux valeurs spirituelles et soci�tales;
- prendre les d�cisions politiques et militaires pour d�fendre leurs int�r�ts.
Par opposition � cette th�orie, nos jeunes ne font qu'assister � la volont� des dirigeants de maintenir leurs institutions loin des mod�les cit�s.
Le Cheikh Al-Azhar � c�t� du Pape copte lors de la d�claration officielle de Sissi de son coup d'Etat du 3 juillet 2013.. |
- Qu'est-ce qui retient les mosqu�es d'aujourd'hui d'atteindre ces mod�les, notamment dans la r�solution des probl�mes que rencontrent les musulmans dans leur vie quotidienne?
- Pourquoi les mosqu�es sont-elles les premi�res � s'opposer � tout projet politique destin� � mettre en relief les principes de l'Islam (valables non seulement pour les musulmans, mais pour tout le monde) ou � d�fendre ses valeurs?
- Pourquoi les mosqu�es sont-elles les premi�res � s'opposer � la cr�ation d'�coles tol�rantes qui pourraient s'�lever au dessus des discriminations � l'�gard, notamment, de nos filles?
- et pourquoi? Et pourquoi? La liste des interrogations est bien longue.
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Cher fr�res,
Si la jeunesse se retrouve accus�e de ne pas disposer du comportement escompt�, c'est qu'elle est victime de l'�ducation qui leur avait �t� inculqu�e par le milieu o� ils avaient grandi.
Comment nos jeunes pourraient-ils comprendre l'engagement de la prestigieuse Mosqu�e d'Al-Azhar d'Egypte, la principale r�f�rence en mati�re d'Islam sunnite, avec un certain nombre d'adorateurs du pouvoir aux cot�s des assassins du peuple �gyptien ?
De nombreux "religieux musulmans", qualifi�s jusque-l� de "savants", ont provoqu� leur propre d�gringolade, aux yeux de leurs admirateurs d'alors, dans les plus profonds des abimes pour leur soutien, leur appel ou leur silence � l'�gard du meurtre des innocents dont le crime n'a �t� autre que leur appel � la d�mocratisation de la soci�t� et leur opposition � la dictature qui continue � gangr�ner la plupart des pays musulmans.
Tout pr�s de chez nous, comment convaincre une jeunesse r�volt�e qui fait face � des injustices quotidiennes de proc�der au changement par les moyens pacifiques, entre autres politiques lorsqu'une certaine union de mosqu�es s'oppose au seul projet musulman en ce sens et va jusqu'� "ex communier" les mosqu�es qui ne fermeraient pas leurs portes au nez de ce projet?
Toutes ces consid�rations ont sem� le discr�dit vis-�-vis de ces institutions aux yeux de nos jeunes et ont fait perdre leur monopole dans la transmission des connaissances et des valeurs islamiques. D'ailleurs, selon certains rapports, les jeunes aujourd'hui ne cherchent plus leurs connaissances religieuses dans les mosqu�es, mais plut�t sur Internet et via les r�seaux sociaux.
Chers fr�res,
Nos mosqu�es sont les plus importantes institutions des musulmans, capables de relever le niveau de respectabilit� des musulmans et le niveau de leur vie mat�rielle, tant � l'int�rieur de nos fronti�res qu'� l'ext�rieur. Cependant, celles-ci n�cessitent une r�forme en profondeur de tous les points de vue et qu'il n'est pas le moment opportun de d�tailler.
- la soci�t� civile: notre jeunesse, voire toute notre communaut�, se retrouve, de plus en plus, confront�e � l'hostilit� de la soci�t� dans laquelle elle vit. Citons � titre d'exemples non exclusifs:
- L'islamophobie: les attaques m�diatiques � r�p�titions des principes et des valeurs de l'Islam;
- les discriminations dans les diff�rents domaines, parmi lesquels les �tudes, l'emploi, le logement, sans �tre exhaustif;
- l'inertie de la communaut� face � ces d�passements: l'absence ou le manque d'initiatives de la communaut� pouvant att�nuer l'effet de l'islamophobie et des discriminations qui en r�sultent. L'exemple du probl�me du port du foulard des musulmanes au sein des diff�rentes institutions qui dure depuis plus de 25 ans et qui va en s'accentuant, ne trouve toujours aucune solution acceptable.
- les diff�rentes injustices tant au niveau national qu'international: la notion des "deux poids deux mesures" ne conna�t plus de limites dans notre univers politique. La communaut� internationale, au sein de laquelle les pays musulmans, s'insurge contre le coup d'Etat des Houthis au Y�men et s'engage militairement pour r�tablir le pouvoir l�gitime, mais elle apporte tout son soutien au coup d'Etat militaire d'Egypte dont le lot de crimes est sans pr�c�dent. Quant � la plupart des pays dits libres, d�mocratiques et soucieux du respect des droits de l'Homme, ceux-ci ne trouvent aucune g�ne � recevoir, � saluer, � poser en photos et � avoir des relations diplomatiques et commerciales avec le plus grand criminel de ce d�but du 3�me mill�naire.
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La France de Hollande accueille � bras ouverts, en 2015, le g�n�ral Al-Sissi, l'auteur du coup d'Etat de 2013, en Egypte et des massacres qui s'en suivirent. |
Face � tous ces facteurs hostiles � une vie paisible, pourrions-nous, chers fr�res, continuer � reprocher � certains de nos jeunes leurs pulsions qui pourraient se r�v�ler dans certaines circonstances excessives? N�anmoins, si une certaine compr�hension pourrait se d�gager de cette analyse, les d�passements restent toujours condamnables et n�cessitent une certaine r�vision et une certaine correction.
Qu'Allah nous guide tous dans le bon chemin qui pourrait nous apporter ainsi qu'� toute l'humanit� plus de paix et de bonheur!
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Louanges � Dieu, Seigneur des mondes.
Chers fr�res,
Le tableau noir qui vient d'�tre dress� n'est nullement une vision pessimiste des choses, mais plut�t une vision r�aliste. La situation d�crite ci-dessus n'est pas une fatalit�, mais le r�sultat d'un laisser-aller, d'un manque de sentiment de responsabilit�, d'une absence de projets s�rieux de r�formes et d'une accumulation de lacunes non combl�es au fur et � mesure de leur apparition.
Que devrions-nous faire face � cette situation? Il est clair, chers fr�res qu'il n'y a pas de recette miracle, cependant quelques pistes s'imposent:
- la prise de conscience de la n�cessit� de l'entreprise de r�formes;
- Plus de rencontres et de d�bats au sujet de la promotion de notre soci�t�;
- le travail collectif entre les diff�rentes communaut�s et le rejet de la ghetto�sation et des diff�rentes formes de nationalismes;
- la mise en place de l'infrastructure n�cessaire (associations, �coles, h�pitaux, ..) � la promotion de notre communaut� et lui permettant de ne pas �tre � la traine des communaut�s du pays.